LIBREVILLE AU CŒUR DE LA RELANCE DU MARCHÉ DES CAPITAUX AFRICAINS

Directeur de publication : CHOKRI BEN ARIDI

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Du 4 au 6 mai 2025, Libreville, la capitale du Gabon, a accueilli la 4ᵉ édition de l’Africa Capital Markets Forum (ACMF), un événement incontournable pour le développement économique de la région. Organisé par One Africa Forum, avec la COSUMAF en tant que partenaire hôte et Perenity comme partenaire officiel, ce forum réunit des acteurs clés du secteur financier, des diplomates et des représentants des organisations internationales.

Ainsi plus de 250 décideurs financiers, régulateurs, institutions boursières, banques, fintechs et investisseurs, provenant de toute l’Afrique et même au-delà, ont échangé les stratégiques et les bonnes pratiques pour dynamiser les marchés financiers en Afrique centrale, tout en renforçant leur intégration à l’échelle du continent. L’objectif étant de construire des marchés de capitaux modernes, profonds et interconnectés.

Lors de cet évènement unique, Mark Alexandre Doumba, encore ministre de l’Économie du Gabon (il a été muté le même jour comme ministre de L’Économie Numérique) a livré un plaidoyer fort pour une participation élargie des citoyens au marché des capitaux. Il souligne l’urgence de canaliser l’épargne informelle vers des investissements productifs, dans un contexte mondial marqué par le retrait progressif des soutiens extérieurs.

« Sans une meilleure transformation de l’épargne en investissement structurant, nous ne développerons pas nos économies à la hauteur des attentes. Et ce n’est pas qu’un sujet technique ou réservé aux experts. Le vrai enjeu, c’est de descendre dans les quartiers… Il faut les rassurer. Leur expliquer qu’ils ne perdront pas le fruit de leur travail. Et ça, c’est un défi de pédagogie, de confiance, de simplification. On entend souvent que 5 000 milliards de FCFA dorment dans l’informel. C’est énorme. Mais ces montants sont entre les mains de personnes qui ne savent pas ce qu’est un fonds commun de placement. Ils gèrent leur épargne dans des systèmes de tontine ou de trésorerie quotidienne, et ils en tirent déjà un rendement. »

Dans ce sillage, l’ACMF vise à redonner confiance aux partenaires des pays africains, mais aussi de préparer le terrain pour les petites et moyennes entreprises (PME). Ces dernières pourront, à l’avenir, se tourner plus facilement vers les marchés financiers pour la mise en œuvre de leurs projets. « Le marché est fait pour elles, surtout quand les banques ne peuvent pas les aider », explique Willy Delort Heubo.

Selon cet expert, cette opération a surtout été possible grâce aux banques, car le marché financier actuel du Gabon n’est pas encore assez grand pour gérer une demande de financements de plus en plus importante qui nécessite de passer par les marchés financiers à travers des émissions obligataires.

C’est le cas de l’opération « Mouélé », qui a permis une importante restructuration de la dette intérieure du Gabon, grâce à une cagnotte de 1 400 milliards de francs CFA gagner sur les marchés financiers pour renforcer l’économie nationale.

Dans un monde en pleine recomposition, les marchés financiers africains cherchent à sortir de leur marginalité pour devenir des instruments puissants de financement du développement. « Il est impératif d’adopter de nouvelles approches et de tirer parti des opportunités offertes par l’innovation », a plaidé d’emblée Jacqueline Adiaba-Nkembe, présidente de la COSUMAF. Selon elle, trois piliers doivent guider cette transformation : l’inclusion financière, l’innovation technologique et la transparence.

Dans une intervention remarquée, le Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Yvon Sana Bangui, a appelé à une réinvention complète des pratiques financières sur le continent : « Nous sommes arrivés à un moment où il est nécessaire de tout repenser. Le contexte mondial évolue rapidement, et nous devons nous inscrire dans cette dynamique ».

Le gouverneur a insisté sur l’importance d’une synergie entre régulateurs, États et opérateurs : « Nous devons travailler en synergie, dans un esprit de comparabilité, afin d’encourager certaines réinventions ». Il a notamment mis en avant le rôle d’outils comme le Fichier B, encore méconnu mais porteur de potentiel pour financer les opérateurs économiques.

Yvon Sana Bangui a également plaidé pour une approche stratégique des ressources naturelles : « Il existe une réelle opportunité de créer un fonds d’investissement axé sur les ressources stratégiques, notamment l’eau. Ce fonds pourrait contribuer au financement de secteurs clés, en complément des ressources extérieures souvent limitées ».

Lancé en 2022, Africa Capital Markets Forum (ACMF) s’est rapidement imposé comme l’événement majeur des marchés de capitaux en Afrique francophone. Avec pour mission d’accompagner la croissance de ces marchés, ACMF propose un format et un contenu qui suscitent des discussions incontournables sur les défis et les opportunités du secteur économique africain, ainsi que sur les actions favorisant le dynamisme des marchés de capitaux. Et Libreville se positionne désormais comme un espace pionnier de reforme de cette approche continentale pour le bien de la sous-région Afrique Centrale.

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